La retraite |
Le 28 août, départ en wagons à bestiaux, Chalons, Reims, Soissons, présence de la Croix Rouge et direction Compiègne pour descendre à Tricot le 29. En voyant la direction de Crépy en Valois, il espère passer chez lui à Mitry qui se trouve sur la ligne Paris- Crépy-Laon. Dès la descente, direction Péronne et cantonnement à Conchy, puis garde de police après les 20 kms de marche. 30 août : baptême du feu ! Départ de Conchy après alerte, 12 kms après on complète les munitions (5 paquets de cartouche par homme) et à 9H premier coup de canon de près. Ce ne sera pas le dernier. La compagnie avance en ligne de sections, puis retour derrière l'artillerie qui commence à faire feu. 9 batteries font feu et qui "parait-il font des ravages". A 11H, l'artillerie intensifie ses tirs quand le régiment part en avant à Armancourt. Un "aéro" (avion probablement) laisse tomber une bombe, et les obus fusent au-dessus des têtes. Pas besoin de dire couchez-vous, c'est instinctif ! Ca fait quand même un drôle d'effet dit-il, mais ili est vite calmé. Puis les boches avançant et étant supérieurs en nombre, on recule. Il fait chaud. Des blessés que l'on soigne sur la route, des copains qu'on laisse en route car ils n'en peuvent plus. Une voiture réquisitionnée par le Général permet aux soldats de mettre les sacs dessus (ces sacs qui pèsent et dont l'armature de bois martyrise le dos). La troupe arrive à Ravenel vers 1H le 31 août. Réveil à 7H et avec 2 sergents et 4 copains, départ à la recherche de la remorque de sacs qui n'est pas là. Il faut noter qu'à cette période de la guerre lors des charges de plein champ, le sac servait de protection. Ils réquisitionnent une voiture et deux chevaux, passent à Maignelay reviennent à Ravenel quand un cycliste leur indique que l'ennemi est près d'eux. Ils repartent et les "voilà mêlés à une véritable pagaille, tous les régiments se mêlent se croisent". Ils arrivent à Clermont et tentent de retrouver le régiment ; rien ; départ pour Liancourt où il y a l'Etat Major qui les autorise à coucher sur place, chez l'habitant. Enfin dans un lit ! Le 1er septembre au réveil, tente d'aller chez M Floquet pour voir la nounou. Ce passage reste mystérieux et je n'ai pas d'explication sinon qu'il s'agissait probablement d'une connaissance. Mais la ville s'est vidée. Ils quittent Liancourt et retrouve le régiment à Bettancourt. Des compagnies sont parties aux tranchées et bonheur, son sac est là, retrouvé sur la place de Ravenel par son camarade Pariot, un homme de l'escouade. L'après-midi au front et cantonnement à Catenoy. Le canon gronde. Le 2 septembre, réveil à 4H et départ par Liancourt où "nous arrachons le pain des mains des gens". Cet acte là reste sans commentaire de sa part et j'en suis d'autant plus étonné que c'est quelque chose que je ne lui vois pas faire. Mais la faim.... Passage de l'Oise sur un pont de bateaux avant que le génie ne la fasse sauter. L'ennemi est proche. et on recule. Toujours le 2 septembre : on continue la route, traverse la voie ferrée Chantilly-Senlis dont on voit la cathédrale. Les obus s’abattent sur Senlis que les habitants fuient. A 14H la Cie s'arrête au sud ouest de Senlis pour couvrir la retraite. La Compagnie est sans ordre, et le capitaine prend la décision de partir, sinon ils étaient pris. Dans les allées de la forêt de Chantilly, passent Coye avec une halte vers 23H, et ils arrivent à Luzarches. Le 3 septembre après un arrêt de 3 heures pour permettre aux hommes de se reposer quelque peu, de nouveau le départ à 2 heures vers Puiseux les Louvres. Ils sont à 22 kilomètres de Paris, c'est à dire dans l'enceinte des défenses de la ville de Paris dont Galliéni a pris le commandement. Et là, on arrête la route vers le sud et on oblique à l'est vers Villeron. En 3 jours ils auront parcouru plus de 150 kms sous une chaleur torride. Enfin un peu de repos. Il se dit que les boches ont été repoussés. Ca doit remonter le moral ! Le soir départ pour Vémars, et de là direction Montmélian où la compagnie prend les avants postes. A ce moment du récit il indique "La commune de Villeron a été sérieusement éprouvée par l'armée française qui a tout mis au pillage, tout jusqu’aux meubles et à la literie y est saccagée, c'est honteux de voir cela et c'est pareil dans chaque village où nous passons". Ce qu'il écrit est en totale contradiction avec le livre de Victor Boudon qui précise, que le sac des villages est le fait des allemands.Cc'est le seul moment où je trouve un désaccord avec l'auteur de "Mon Lieutenant Charles Péguy". Mais une délibération du conseil municipal de St Witz conforte ce qu'il a écrit et précisie que ce sont les troupes françaises qui sont à l'origine de cette situation (délibétaion du conseil municipal du 24 septembre 1914, archives municipales, délibérations du conseil municipal, années 1913-1934 fol.14) Le 4 septembre : réveil à 3H, et relève à Montmélian des avants postes. La journée est assez calme dit-il et ce soir là dîner au champagne qu'un sergent a trouvé à Plailly. Le soir, cantonnement à Vémars. Là il apprend que 3 personnes de Mitry, son village, tout proche, sont venues voir les « gars de Mitry ». On peut imaginer dans quel état d'esprit il est, savoir sa maison et sa famille si proche... et rien dans son carnet de notes à ce sujet. Il est probable que la famille comme la quasi-totalité du village était partie devant l'avancée de l'ennemi. C'est dans cet exode que sa mère a disparu. Samedi 5 septembre, départ de Vémars vers 8H, passe à Moussey, Villeneuve (sous Dammartin), Thieux (il est à ce moment à 5 kms de Mitry, son village!). Et là, direction Nantouillet où l'on doit cantonner à Plessis L'Evêque. Nous tombons dans....ce sera la Grande Bataille. Cette carte, (ed A Michel tous droits réservés) mieux que tout récit permet de voir le chemin parcouru par les troupes pour se replier vers la Marne, ce que l'Etat Major avait décidé. En arrivant à Tricot le 29 août, la troupe pensait que les Allemands étaient à Lille, ce sont les informations qu'ils avaient eues en Lorraine. Un journal trouvé le 24 dans la Meuse indiquait "L'Alsace est évacuée par nous, La retraite de Lorraine. Nos troupes écrasées à Charleroi. La bataille de Belgique perdue. L'invasion de la France ! ...Les Allemands sont à Lille"('Victor Boudon "Mon lieutenant Charles Péguy" Albin Michel"), Le moral ne devait pas être au mieux. Et ils apprennent en débarquant à Tricot que les Allemands sont à Péronne, à 40 km de là. Quelle désillusion ! Et la marche au sud où l'on voit bien les 150 km parcourus en 3 jours. On y voit aussi la proximité de Paris et celle de son village, Mitry. Avant le grand engagement de la bataille de la Marne, qui porte mal son nom, puisque le front fera 300 kms de l'est parisien aux Vosges, la VI me Armée Maunoury à laquelle appartient maintenant le 276eme tiendra le flanc gauche de ce front. Il faut noter que cette VI ème armée est constituée essentiellement de soldats de Paris et sa région entre autre la Brie, car l’Etat Major considérait que ces hommes seraient d’autant plus performants qu’ils défendaient « leur terre ». En face, l'armée Von Klück, à droite une division marocaine et de l'autre côte de la Marne les Anglais du Général French. voir son carnet de guerre pour cette période Lire la suite: la Marne et la poursuite Accueil|France1914|mobilisation et départ|la retraite|la Marne|lestranchées|Péguy|276RI|Fantassin|Ecole| Vie HenriBury|Le Miroir|Publicités|Téléchargements| |
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