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Les tranchées

 

15 septembre : départ pour St Christophe.  Et regroupement de tout le régiment. Reconstitution des compagnies avec des hommes de l'Aveyron. Cantonnement à la ferme de Presle.

16 septembre, comme souvent,  réveil à 4H. On voit l'artillerie ennemie, puis travaux de tranchées autour d'une batterie française. Mais les obus arrivent. On s’abrite et le soir prise de garde dans des avants postes à l'ouest de Soissons. Patrouille le long de l'Aisne. "Les boches ayant été favorisé par un emplacement naturel admirable, tiennent toujours et ne sont pas près de quitter". Jugement qui s’avérera juste comme on le verra par la suite.

17 septembre : retour tôt le matin au cantonnement à la ferme. Rien ne se passe sauf de fortes pluies.

Le 18, départ pour le nord ouest de Soissons par Mercin. , mais déjà obus et balles sifflent quand la troupe passetireur dans une tranchée en terrain découvert. Preuve de nouveau que l'ennemi reste en position. Le dernier officier de la compagnie qui est partie de Coulommiers, le sous lieutenant Hamelin est blessé. Enfin ils arrivent à la crête et s'abritent dans une carrière. Le soir une section descend à Pernant pour cantonner alors que les autres restent pour occuper les tranchées. Il pleut toute la nuit et au matin, la troupe redescend.

A dater de ce jour, mon Grand Père est désigné responsable de l'ordinaire de la compagnie. Il aura à se préoccuper du ravitaillement et de l'approvisionnement des troupes, ce qui l'amènera à de nombreux déplacements dans les tranchées, boyaux et chemins.

Le 19,  le Régiment reste à Pernant, et il rencontre les premières difficultés pour le ravitaillement, les Allemands étant passés avant eux dans les villages.

A l'occasion d'un changement de cantonnement le 20, il s'installe avec les ordonnances dans une maison inhabitée et,  dit-il, y passera quelques jours heureux.

Le 20, la canonnade fait rage, les mitrailleuses sont aussi de la partie, les Allemands tentent de repasser l'Aisne. Ils sont repoussés. Les avions passent sans cesse au-dessus du village, et certainement sur leurs indications, peu après les obus arrivent. Mais cela cesse assez vite.

Le 21,  rien de particulier, mais changement de cantonnement comme tous les soirs.

23 septembre : Départ à 4H pour le Nord Ouest par St Brandy, Ambleny, l'auberge du "Chat embarrassé" où la division s'arrête étant en réserve d'armée. Cantonnement à Amblémy. A 23 H. Distribution de l'ordinaire à 3H30.

24 septembre: repos et revue.

25, 26: cantonnement. Epidémie de dysenterie qui fatigue beaucoup la troupe. Les Allemands ne bougent toujours pas....

Le 27 on reste équipé la nuit car un départ est possible. Il n'en est rien.

Le 28, retour à Pernant.

une tranchéeLe 29 septembre, occupation des tranchées et même cantonnement. Il faut noter que la ligne de front se trouve au Nord de Soissons sur Crouy, mais que l'ennemi tient des postes avancés sur Cuffié et Pommiers et que même en cantonnement il y a un service aux tranchées pour la protection de la division face aux agissements de l'ennemi (cf. historique du 276ème, Anonyme, Berger-Levrault, 1922).

Le 30 la compagnie part seule vers Amblény pour occuper des tranchées de soutien d'artillerie. Mon Grand-père et un petit groupe vont chercher le ravitaillement de la compagnie.

Les 1er, 2 octobre, Pernant et avants- postes sur l'Aisne. Il reste au cantonnement.

3 octobre, revue puis garde au château et de police

4: avants- postes sur l'Aisne. La situation est plus calme et il note "la petite équipe passe là quelques journées épatantes, car nous sommes bien comme logement et nous avons de biens brave gens dans la maison en face qui nous viennent en aide. Mme Lesour (?) à Pernant"

5, 6, 7, même situation.

8: départ pour remplacer le 204eme dans les tranchées au nord de Soissons entre Cuffié et Crouy. Ces tranchées sont sur la Montagne Neuve.

Cette Montagne Neuve où ils étaient montés 4 semaines avant (le 14 septembre). Quatre semaines sans avancer ! Le front s'est bien figé. Il l'ignore à ce moment, mais cette Montagne Neuve sera jusqu'à la triste bataille de Crouy de janvier le lieu où sa compagnie tiendra les tranchées à un rythme de 6 jours de front et 6 jours de cantonnement.

Ce 8 octobre, ils y trouvent de fortes tranchées abris qu'ils refont et ils font des abris de branches et feuilles. Les Allemands sont à 200 mètres  retranchés dans de vieilles carrières, et ils ne manquent pas de tirer à chaque occasion. Quelques obus aussi, mais sans dommage. Par contre, horreur de la guerre, ils ont devant eux environlas cadavres des camarades gisent près de nous 130 cadavres de français, tombés le 17 septembre, et l'odeur est insupportable. Des tombes (une cinquantaine)  aussi sur la crête qu'ils occupent. 

9, 10, 11, 12 dans les tranchées de première ligne à faire le ravitaillement.

Ce 12 octobre, il va à Crouy pour chercher du vin et à son retour, il retrouve un camarade mort et plusieurs blessés suite à l'explosion d'un obus. Il est décidé de transférer les "cuisines" à la ferme de Montagne neuve. Le régiment est ensuite relevé, et pendant le repas, des obus éclatent tout près sur une colonne du 204 ème de ligne qui montait aux tranchées. , ainsi que sur la 20ème compagnie qui retournait au cantonnement de Pernant. La mort était quotidienne et frappait ici ou là. Ils vivaient avec.

13,14,15, 16 et 17 : cantonnement.

Le dimanche 18, fin de journée, on repart à Montagne neuve. Il ne reste que des décombres de la ferme. A Soissons, ils incorporent 18 "territoriaux".

19, 20, 21, deux sections aux tranchées à tour de rôle. Pour le ravitaillement, va aux magasins généraux de Soissons. A l'aide d'outils, on avance de 150 mètres la barricade qui est sur la route de Terny sous le feu allemand.

paysage entre les tranchéesLe 22, la journée comme d'habitude et le soir le feu ennemi se déchaîne. Riposte et à 22heures tout s'arrête. Un homme de l'escouade est évacué.

23:  journée normale au front ;

24:  doit aller avec le fourrier, son ami Matteï à Pernant pour toucher le ravitaillement  A 1H du matin la compagnie les rejoint pour cantonner.

Ils ont fait leurs 6 jours de front.

25, 26, 27, 28, 29 : cantonnement à Pernant.

Le 30, retour à Montagne Neuve en faisant un détour par Vauxbrun dont ils repartent à 19 H.

31: Tranchées du petit bois : un obus emporte un sergent.

1er novembre, 2 : toujours sur le front et la navette pour le ravitaillement. Au cours d'un voyage voit uneravitaillement dans une tranchée et la boue escadrille d'aéro arrivée à Soissons.

3 novembre : rien, le 4 un territorial est tué par ricochet. Le 5, ravitaillement à Pernant où la compagnie les rejoint le soir.

Du 6 au 11 : cantonnement.

Du 11 au 17 la compagnie est en réserve de la 13eme qui est aux tranchées.

Du 18 au 23 novembre : de nouveau cantonnement à Pernant.

Du 24 au 30 novembre de retour à Montagne Neuve, à l'entrée du bois les 3 premiers jours puis le petit bois en avant les 3 jours suivants.

Du 1er décembre au 6 : cantonnement à Pernant

Le 7 retour en première ligne. Temps affreux avec forte pluie.

Du 8 au 12, ravitaillements des hommes dans les tranchées : il pleut, ils sont couverts de boue. Il y en a 20 cm dans les tranchées. Il faut y aller quand même!

popotteLe 12 les obus de nouveau.

13 décembre : nuit et journée calme la compagnie rejoint Pernant

14, 15, 16, 17, cantonnement ;

le 18 départ pour Montagne Neuve

19, 20, rien de particulier, s'occupe du ravitaillement.

Le 21 quelques tirs sur une section qui pose du fil de fer.

Le 22, la compagnie est relevée de la première ligne quand,  à 22H. attaque. Ils repartent en première ligne.

 

Le 23, ils repoussent une nouvelle attaque, puis départ pour Pernant. Ils ne sont restés que 4 jours à Montagne Neuve. 23: cantonnement; 24 Le SM Matteï va à Soissons faire les achats pour le réveillon de la compagnie qui passera Noël au cantonnement.

Jour de Noël : Tout le monde en alerte, équipé pour partir. Rien.

26: cantonnement, il pleut.

27: cantonnement ;

28 Retour à Montagne Neuve où la compagnie prend position au petit bois. Il fait un temps affreux avec 30 cm de boue dans les tranchées.

29 décembre 1914: journée calme sur le front.

 

Le cahier s'arrête en cette fin d'année 1914.Les pages suivantes ont disparues. Il est fort probable que la nuit de la saint Sylvestre la Compagnie l'a passée dans les tranchées de première ligne. C'est probablement à cette occasion que les soldats français et allemands sont sortis des tranchées pour fraterniser car à aucune autre occasion on ne voit,  jusqu’ en 1917 le régiment au contact des allemands à cette période ; et je me souviens avoir entendu mon Grand-père dire qu'à un moment ils sont sortis des tranchées et ont été se serrer la main  avec les Allemands.

Il ignorait aussi l'enfer qui allait s'abattre sur eux deux semaines plus tard, quand l'état major, qui avait pris sa décision vers Noël, lancera l'attaque de ce qui sera la bataille de Crouy et deviendra politiquement" l'affaire de Soissons".

Le Régiment qui était à Montagne Neuve perdra entre les 10 et 12 janvier 1915 : 750 tués 600 prisonniers dont beaucoup de blessés. Après l'attaque qui fut un échec il ne restait plus que 5 officiers et 475 hommes. Les pertes du 276 me sur ce seul engagement ont été de 75% !!!!

voir son carnet sur les tranchées.

Après la bataillede Crouy, le Régiment a été reconstitué. On voit sur cette photo "les cuistots" de la 19 e compagnie du 276 RI que les uniformes sont hétéroclites, sur la droite mon Grand Père le sergent Henri Bury. (clic pour agrandir)

Si vous reconnaissez un de ces poilus, merci de me le signaler par le formulaire contact.

La bataille de Crouy:

"Voici un extrait de l'Historique du 276ème RI concernant les combats de Crouy de janvier 1915. (anonyme, Berger-Levrault, 1922)

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AUX TRANCHÉES DEVANT SOISSONS
Le mouvement de poursuite est arrêté et la guerre de tranchées commence.
Jusqu'au 10 janvier, le régiment restera en première ligne, passant alternativement six jours sur la rive droite entre la Montagne-Neuve et la dent de Crouy, et six jours sur la rive gauche, à Mercin et Pernant. Les hommes s'adaptent très vite à ce nouveau genre de guerre, travaillant sans cesse pour améliorer leurs positions et faisant preuve d'un calme stoïque sous le bombardement.
L'organisation définitive de la Montagne-Neuve (cote 132) demande un gros travail : il s'agit de progresser à la sape pour donner à la défense une assiette qui lui manque au début.
Officiers et soldats font preuve d'une intelligente ardeur et de beaucoup d'endurance.
Le lieutenant LACAUX occupe, de sa propre initiative, un petit bois situé à 100 mètres en avant des lignes, bois qu'il trouve momentanément évacué en faisant une patrouille de nuit. Notre position en est grandement améliorée.
Le secteur de Mercin-Pernant, couvert par l'Aisne, est plus calme ; mais il demande une surveillance très active, les Allemands tenant une tête de pont en avant de Pommiers et faisant preuve, par de fortes patrouilles de nuit, d'esprit d'entreprise.
Les pertes sont peu importantes, mais quotidiennes.
COMBATS DE CROUY (10-12 janvier 1915)
Le commandement a décidé d'enlever les lignes allemands situées en avant du secteur de la cote 132.
Pour cela, le secteur a été divisé en deux sous-secteurs.
Celui de gauche, allant du ravin de Pasly au petit bois inclus, a été l'objet, le 8 janvier, d'une attaque réussie faite par un régiment marocain ; celui de droite, allant du petit bois à la dent de Crouy, sous les ordres du lieutenant-colonel LEJEUNE, est réservé au 6ème bataillon du 276ème, qui doit attaquer le 10.
Le régiment occupe ses positions dans la nuit du 9 au 10 janvier : le 5ème bataillon, en réserve à la Montagne-Neuve (sous-secteur de gauche), le 6ème bataillon à côté du 204ème.
A 16 heures, le 6ème bataillon se précipite à la baïonnette et s'empare de son objectif. Seule, une portion de tranchée à contre-pente, au centre de la ligne, reste aux mains de l'ennemi. Nos hommes s'organisent dans leur conquête, mais l'artillerie ennemie réagit d'une manière intense et les pertes sont lourdes. Plusieurs contre-attaques sont énergiquement repoussées.
Le bombardement sur toutes nos lignes continue sans interruption le 11. Une tentative, faite dans la journée pour s'emparer de la portion de tranchée occupée par les Allemands, échoue.
Dans la nuit du 11 au 12, le bataillon du 204ème est relevé, en deuxième ligne, par le 64ème bataillon de chasseurs ; dans le sous-secteur de gauche, un bataillon du 60ème relève le bataillon du 231ème dans la tranchée prise aux Allemands le 8.
Le temps est détestable ; il y a une boue affreuse dans les boyaux et les tranchées.
Le matin du 12 janvier, la disposition des troupes est la suivante :
a ) Sous-secteur de gauche : un bataillon du 60ème dans les tranchées allemandes, le 5ème bataillon du 276ème dans les anciennes tranchées françaises ;
b ) Sous-secteur de droite : le 6ème bataillon du 276ème dans les tranchées allemandes ; le 64ème bataillon de chasseurs dans les anciennes tranchées françaises.
Le tir de l'artillerie allemande devient de plus en plus intense ; un coup de gros calibre fait effondrer l'abri du colonel du 60ème, qui est tué avec ses agents de liaison.
A 10 heures, une attaque formidable de l'ennemi se déclenche sur toute la ligne depuis le ravin de Pasly jusqu'au ravin de Crouy inclus.
A gauche, les compagnies du 60ème sont submergées ou se replient sur nos anciennes lignes, qui sont également envahies ; le 5ème bataillon, dont le commandant ( BRU ) est blessé dès le début, fait preuve d'une vigueur extrême.
Le capitaine LEMESLE, qui est tué presque aussitôt, puis le capitaine FLOQUER, organisent la défense, et, par leurs contre-attaques, empêchent l'ennemi de déboucher des boyaux, mais nos anciennes lignes sont en son pouvoir.
A droite, le 6ème bataillon a tenu bon. Afin d'empêcher l'ennemi de s'infiltrer dans nos organisations, le lieutenant-colonel place une compagnie du 64ème chasseurs en potence face à gauche dans un boyau qu'elle aménage en tranchées.
La situation se maintient sans modification jusqu'à 16 heures, malgré les tentatives de l'ennemi.
A ce moment, les chasseurs, impressionnés par l'intensité du bombardement, cèdent à la pression ;l'ennemi s'infiltre dans nos organisations ; le 6ème bataillon du 276ème est pris à revers ; toute résistance est devenue impossible.
Le lieutenant-colonel, chassé de son poste de commandement, se porte en arrière, sur la route de Soissons, pour rallier ses unités. A la nuit, il avait constitué un barrage sur la route de Crouy à la Verrerie, avec trois compagnies de chasseurs et une compagnie de 120 hommes, débris du 6ème bataillon du 276ème .
La nuit du 12 au 13 et la journée du 13 janvier se passent dans cette situation : le 5ème bataillon tenant toujours à la Montagne-Neuve ; le 6ème bataillon en position au bas de la pente.
A 22 heures, le régiment est replié et va se reformer à l'arrière.
L'affaire de Crouy lui a causé les pertes suivantes : 750 tués, dont 11 officiers ; 600 prisonniers, la plupart blessés"

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